Bienheureuse Marie Poussepin

Marie Poussepin

 

Marie Poussepin

Native de Dourdan (Essonne), Marie Poussepin (1653-1744), qui, la première, a introduit le métier à tisser dans l’industrie
de la laine, va être béatifiée demain par le pape (20 octobre 1994).
La sainte femme a fondé la congrégation des sœurs dominicaines de la Présentation qui a essaimé à travers le monde.
Personne n’a jamais entendu parler d’elle. « Le bien fait si peu de bruit », soupirait pieusement le chanoine Poüan en 1894.
Marie Poussepin, qu’on savait déjà vénérable, va être béatifiée demain à Rome par son Saint-Père le pape et Dourdan,
qui a vu naître l’héroïne, en est toute esbaudie. La ville, qui a un peu perdu de sa splendeur d’antan,
n’est même plus le  » gros bourg très riche et qui sent la province  » dont parlait cruellement Péguy.
Mais on se raconte encore, pendant les rudes soirées d’hiver, l’édifiante histoire de Marie Poussepin,
sainte femme et redoutable chef d’entreprise, qui est au bas de laine ce que Michelin est au pneu.

Marie est l’aînée, suivie de Anne, Julienne, Elisabeth, Claude, Claude et Claude. Claude est aussi le nom du papa :
pour qu’il en reste un, il fallait investir. Vingt ans plus tard, seuls ont survécu Marie et le dernier petit Claude.
Le père, assis sur son atelier de tricot, est à Dourdan  » une haulte personne « , il est premier marguillier,
c’est-à-dire administrateur des biens de la paroisse, et collecteur de la taille pour Dourdan, l’impôt royal.

 

Le 14 octobre 1695, le jour de ses 42 ans, elle annonce à son frère qu’elle quitte Dourdan, pour s’installer à Sainville,
un patelin en pleine Beauce à dix-sept kilomètres de la ville natale.
A nouveau, elle fait merveille. Elle crée une communauté, recueille des orphelines « sans aveu et sans secours »,
ouvre une école de filles ignorantes auxquelles elle apprend un métier, le tricot, ce qui semble parfaitement incongru aux notables de l’endroit.
Marie refuse les dons, les sœurs vivent chichement du travail de leurs bas de soie, la Providence supplée au reste.
Elle s’y sent vite à l’étroit.

Elle fonde une autre communauté à Auneau, puis à Meung sur Loire, à Jouagny, à Massy, à Chilly Mazarin…
En 1725, elle a 72 ans (une performance à une époque où on ne dépasse pas facilement la cinquantaine)
et est à la tête de vingt établissements.

Les sœurs dominicaines de la Présentation gardent à Tours l’unique portrait de la mère fondatrice. Elle mourût à 90 ans et trois mois, un samedi, jour de la Sainte Vierge Marie.